N’en déplaise à Nicolas Sarkozy et au "nègre" qui écrit ses discours, l’homme
africain est bel et bien entré dans l’histoire. C’est une erreur grossière de
penser que, parce qu’il n’existe aucun document d’époque précoloniale écrit en
langue locale (en dehors de l’amharique) relatant les faits, que ceux-ci ne sont
pas historiques. Les victoires des Zulus sur les Anglais, les généalogies des
Royaumes de Mopti, Kongo ou Zimbabwe étaient connues des populations par la
transmission orale et les hauts faits de chaque peuple étaient relatés dans le
détail et connus de tous jusqu’à une acculturation urbaine récente datant de
moins de vingt ou trente ans maximum.
Prisonniers et souvent victimes de la
famille
Par contre l’homme et la femme africaine, dans l’immense majorité
des cas ne sont pas encore entrés dans l’ère de l’individualisme. Ils sont
prisonniers et souvent victimes de la famille dans le sens le plus vil et le
plus détestable que celle-ci peut prendre.
- Sans l’omniprésence de la
famille en Afrique, la corruption serait du même niveau qu’en Europe ou en Asie,
car il existe de véritables corrompus partout sur la planète.
- Sans la
famille, le tribalisme ne serait que le prolongement du folklore et le désir de
préserver les coutumes.
- Sans la famille enfin, la sorcellerie serait un
accessoire folklorique, une réminiscence du passé au même titre que la
superstition en France.
Bien sûr, l’Afrique n’est pas monolithique, mono
ethnique et mono culturelle. Il existe autant, si ce n’est plus de différences,
entre un Bambara, un Zulu et un Masaï, pour ne citer que ces trois groupes,
qu’entre un Suédois, un Portugais et un Moldave. Cependant, ceux qui ont vécu en
Afrique, au contact quotidien avec les populations de diverses ethnies,
catégories sociales et professions ont pu constater les ravages dus au
parasitisme social, à la rapacité des cousins et de ceux que l’on appelle des
frères ; et cela à tous les niveaux de la société, du pouvoir et de la
hiérarchie sociale.
Cette famille élargie, que l’on connait à peine avant
qu’elle ne vienne s’abattre sur vos économies, ou tout simplement votre moyen de
subsistance, comme un vol de sauterelles ou de criquets pèlerins, l’Africain la
subit au quotidien, s’en plaint en permanence mais n’ose agir contre par peur de
l’opprobre.
La famille africaine prise dans sa dimension négative peut
s’avérer pire par ses effets toxiques que le FMI, la Banque Mondiale, le
néocolonialisme, les multinationales réunis sur le vécu quotidien des individus
productifs, courageux et entreprenants.
Une extorsion de fonds
permanente
Afin de rendre la démonstration plus claire il sera donné
priorité à l’exemple dans cet article. Une tentative de théorisation sera
abordée en fin de présentation.
Avoir un appartement de fonction assez
vaste, ou pire une villa à sa disposition quand on est un, ou pire, une jeune
salariée célibataire bien payée, est une véritable malédiction. L’Africain est
censé être solidaire et partageur, il est en fait rançonné, pressuré, sucé
jusqu’à la moelle par les membres de sa famille dès qu’il gagne un minimum
d’argent.
Ce que l’on appelle communément entraide est en réalité une
extorsion de fonds permanente sous le regard bienveillant de la communauté.
Et impossible de dire non, on se doit de "respecter la coutume" c’est-à-dire
de se laisser envahir par une bande de bouches inutiles qui ne feront même pas
la vaisselle, n’achèteront jamais un litre d’huile et s’ils le peuvent, face à
un timide, arriveront à lui soutirer de l’argent de poche.
Dans un tel
environnement, on comprend aisément que toute la paie du salarié va passer en
nourriture pour quelquefois dix personnes alors qu’il n’a encore lui-même aucun
enfant.
S’il n’arrive pas à tenir financièrement, il va être obligé
d’exercer un second métier au détriment de son employeur et de son temps libre.
Si ce patron est un étranger ou un membre d’une autre tribu, les scrupules
concernant l’honnêteté, la ponctualité et le sérieux au travail seront vite
balayés par la pression quotidienne du groupe. Et même au sein d’une même
ethnie, les mauvais coups sont envisageables surtout si l’on a trouvé un emploi
chez un vague cousin ou un soi-disant oncle qui aura du mal à appeler la police
(souvent corrompue elle aussi), pour faire incarcérer un membre de la famille.
« La générosité tue ! »
Les vieux missionnaires qui disaient jadis d’un
ton péremptoire "les noirs sont voleurs" bien avant de dénoncer leur lubricité
atavique, n’avaient pas idée de ce que pouvaient être les pressions
psychologiques qui régnaient sur ceux qui travaillaient à la mission.
Car en
plus du chantage affectif "tu es des nôtres" ou "voler le blanc, ce n’est pas
vraiment voler", ces bons chrétiens croyaient aussi au mauvais sort, à la
sorcellerie et ne pas aider quelqu’un de la famille, du clan, puis par extension
de la tribu, c’était et c’est encore, prendre le risque de s’exposer à des
représailles, voire à un mauvais sort. Chez les musulmans, le syncrétisme existe
aussi et la peur des sorciers et du poison est aussi forte que chez les
chrétiens.
Or si les vieux curés et religieuses issus de l’époque coloniale
et ayant perduré après les indépendances se plaignaient des méfaits de leurs
ouailles cela se passait avant l’arrivée en force de l’urbanisation, de la
société de consommation et de l’offre de produits attractifs comme les postes
radios, les téléphones et autres petits plaisirs occidentaux importés de Chine.
Avec l’explosion de l’offre de produits de consommation, de l’émergence de
l’anonymat des grandes métropoles, toutes les conditions sont réunies pour une
explosion de la corruption, du trafic d’influence et des passe-droits. Un
proverbe bantou de l’Est du Congo dit en ces termes : « La générosité tue ! ».
Car il s’agit d’une générosité obligatoire, non volontaire souvent la main
forcée.
La solidarité contrainte est le lot d’une immense majorité
d’Africains. Et quand tout est épuisé et que les parasites sont là demandeurs et
pressants, la tentation est grande de passer à l’acte délictueux qui expose au
renvoi, à la prison ou à des représailles physique des victimes.
Certains
profiteurs, voyant que la source de profit se tarit, iront sans vergogne
s’installer chez un autre cousin, quand la première sœur aura été essorée. Et
puis, il y a les "sœurs", les cousines qui empruntent un chemisier, des bijoux
pour sortir et qui oublient de les rendre, qui utilisent le maquillage et les
produits de beauté de celle qui fréquente un riche et qui ne remplacent rien. Et
quand le mari se plaint trop des dépenses, on "perd" son téléphone ou on s’est
"fait voler" son porte-monnaie au marché pour dissimuler l’argent donné au petit
frère quémandeur qui en est à son énième mauvais coup, ne s’amende jamais et ne
cesse de réclamer !
Le premier rançonné
Le président renversé du Burkina
Faso, Ouedraogo, risquant sa tête pour détournement de fonds publics, a choisi
comme argument à sa défense qu’en tant qu’Africain, tout le monde dans la salle
du tribunal étant aussi Africain, les jurés se devaient de le comprendre, si ce
n’est de lui pardonner ses incartades.
« En tant que premier citoyen du
pays, j’étais aussi le premier rançonné. Je voyais des gens se disant de ma
famille, dont j’ignorais l’existence jusqu’au jour de la première entrevue et
qui me demandaient un poste, un privilège, de l’argent, une signature. Je
donnais, je signais, vous en auriez tous fait autant ! ». Tel était retranscrit
dans l’esprit les termes de son plaidoyer.
Il a sauvé sa tête toute comme
l’une de ses ministre qui expliquait qu’il y avait beaucoup de casse de
vaisselle lors des réceptions officielles et que quelquefois les assiettes et
les couverts disparaissaient tous seuls, alors que certaines pièces du mobilier
national avaient été retrouvées chez des nièces et des belles-sœurs. Si un
dirigeant africain n’est pas à l’abri de pressions, alors qu’en est-il d’un
citoyen lambda ?
Au bas de l’échelle sociale, une prostituée est victime en
permanence des quolibets et des lazzis, la famille en a honte, mais elle peut se
racheter en revenant au village, ou même en ville de nos jours, une valise
pleine de cadeaux pour faire pardonner sa vie dissolue. Un poste de télévision
fait vite oublier la méconduite d’une fille.
Et en Europe, le travailleur
sénégalais émigré qui vit dans un foyer type SONACOTRA, et qui revenait jadis
chez lui avec des cadeaux pour tous et une distribution de billets de banque
pour monter qu’il avait réussi, de nos jours, n’a plus besoin de revenir au pays
pour dépenser son argent. Western Union a été inventé spécialement pour le
délester quasiment en temps réel de ce qu’il gagne à la sueur de son front qu’il
soit balayeur, ouvrier, cadre ou travailleur indépendant. Car au-delà des mers
la pression existe pour soutirer de l’argent à celui qui travaille, dur le plus
souvent.
On n’existe pas pour soi-même
Ces comportements peuvent
s’expliquer par l’absence de sécurité sociale généralisée dans les pays
africains, en dehors de quelques mutuelles. Le sous-emploi, les mauvaises
rémunérations, la précarité de l’emploi, l’exode rural sont souvent mis en avant
pour justifier le parasitisme social. Mais cela ne suffit pas, car si l’emploi
salarié est rare, si les gros et moyens entrepreneurs ne sont pas assez
nombreux, le secteur informel permet à chacun de trouver une activité de
subsistance.
En dehors des cas de guerre civile avec déplacement de
population, de famine consécutive à une sécheresse ou autre catastrophe, on peut
vivre, chichement certes, de son travail en Afrique, en dehors des mendiants et
des infirmes. Mais le parasitisme social vient avant tout d’une imprégnation
culturelle distillée depuis l’enfance, où l’on apprend l’interdépendance et où
la place de l’individu en tant qu’entité sociale est mise au second plan.
On
n’existe pas pour soi-même, mais on fait partie d’un groupe ayant sa cohésion,
au cours de son existence l’Africain intègre de nouveau groupes, seul il n’est
rien. L’individu isolé est comme un électron libre errant de noyau en noyau
cherchant à se placer sur orbite autour d’un nouvel atome en guise de structure.
La modernité occidentale qui prévaut peu à peu économiquement est encore
trop récente pour s’imposer psychologiquement. L’individu seul est menacé dans
son psychisme, au pire la folie le guette et la guérison ne peut passer que par
la réintégration dans le groupe et ainsi par l’acception de ses diktats.
Celui qui a profité pendant des années de la manne dispensée par un oncle,
une sœur, un cousin, offrira "généreusement" une chèvre pour le mariage de son
bienfaiteur et se sentira quitte de toute dette tant financière que morale et
sans le moindre sentiment de culpabilité car il a été élevé comme ça.
Maintenir le lien de dépendance
Dans le même ordre d’idée, le jeune
cadre qui gagne bien sa vie ne pourra payer lui-même la dot de sa future épouse,
même s’il en a financièrement les moyens. Le père et les oncles insisteront pour
payer au nom de la coutume, et une fois marié, au nom de la même coutume, ils
viendront se goberger et récupérer au centuple le prix du malingre bestiau
qu’ils auront acquitté pour le mariage. Le but essentiel étant de maintenir le
lien de dépendance entre les membres d’une famille, pour faire cracher au
bassinet celui ou celle qui donne l’impression d’avoir les moyens.
Avec deux
milliards d’Africains prévus pour 2050, ils ne seront peut-être qu’un milliard
et demi mais peu importe, le continent devra faire le choix de l’individualisme
pour survivre. Car si les mentalités n’évoluent pas, le développement économique
réel qui s’installe en ce moment (tous les Africains ne crèvent pas de faim,
loin de là et la croissance atteint les 6% dans certains pays), sera mis à mal
par des obstacles culturels.
Ce qui était déjà pénible au village avec une
économie de troc est totalement incompatible avec une société mondialisé, à
moins de vouloir faire vivre les Africains dans des réserves comme les
Amérindiens, ce qui n’est pas ce que l’on puisse leur souhaiter de meilleur.
L’Afrique a droit tout comme les autres continents au progrès, à
l’industrialisation et au luxe.
La crainte des représailles
Certains
verront dans cet article une vision ethnocentrique européenne. C’est faire fi
des plaintes que de nombreux Africains dynamiques et travailleurs émettent à
longueur de journée. Car si les coutumes sont encore respectées, si l’on ne peut
encore chasser de chez soi un pique-assiette éhonté, cela n’empêche que tous les
Africains supportent ce genre de situation avec amertume et de plus en plus mal.
Car ce n’est pas la compassion qui les anime mais la crainte des représailles,
de la sorcellerie et au mieux des qu’en-dira-t-on. La France était quasiment
rurale il y a un siècle, il n’y plus que 5% d’exploitants agricoles qui ne sont
même plus des paysans. Le pays a fait un choix de société et les mentalités ont
changé. C’était le prix de la croissance.
L’Afrique devra elle aussi en
passer par là. L’ère de l’individualisme et de la famille nucléaire n’est
peut-être pas la seule option qui s’offre au continent, mais la moins couteuse
et la plus facile à mettre en application.
Apprendre l’égoïsme
Apprendre
l’égoïsme et le chacun pour soi est une option de développement. Le traitement
social de la précarité de type européen n’est probablement pas la solution, mais
son absence quasi-totale, pénalise ceux qui produisent en Afrique. La pyramide
des âges se modifie dans de nombreux pays. La prise en charge de vieillards de
plus en plus nombreux, va aussi créer un déséquilibre social. Car jusqu’à
présent, seul le faible nombre de vieux autorisait la solidarité
familiale.
Texte de Goerges Wang.
vendredi 4 mai 2012
LA FAMILLE, PIRE ENNEMI DE L'AFRICAIN.
N’en déplaise à Nicolas Sarkozy et au "nègre" qui écrit ses discours, l’homme
africain est bel et bien entré dans l’histoire. C’est une erreur grossière de
penser que, parce qu’il n’existe aucun document d’époque précoloniale écrit en
langue locale (en dehors de l’amharique) relatant les faits, que ceux-ci ne sont
pas historiques. Les victoires des Zulus sur les Anglais, les généalogies des
Royaumes de Mopti, Kongo ou Zimbabwe étaient connues des populations par la
transmission orale et les hauts faits de chaque peuple étaient relatés dans le
détail et connus de tous jusqu’à une acculturation urbaine récente datant de
moins de vingt ou trente ans maximum.
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